Quels conseils pour bien s’asseoir en zazen sur un zafu ?

Quels conseils pour bien s’asseoir en zazen sur un zafu ?

Je m’assieds, je coupe, je couds, puis je m’arrête. Quand je fabrique un zafu, je pense toujours à la posture qui suivra. S’asseoir en zazen sur un zafu n’est pas seulement une question de confort : c’est un entretien du corps et de l’esprit. Voici, de façon simple et concrète, mes conseils pour trouver l’alignement, la stabilité et la présence nécessaires à votre pratique.

Le geste d’installation : comment vous asseoir sur le zafu

Quand je commence un zafu, il y a une couture centrale que je fais à la main. Je repense à cette couture quand j’explique comment vous asseoir : tout commence au centre. Pour vous installer en zazen, approchez le zafu avec attention. Je recommande de placer le coussin de façon à ce que la couture centrale soit perpendiculaire à votre bassin — elle vous aidera à sentir l’axe.

Commencez assis au bord du zafu, les deux ischions légèrement appuyés, puis glissez-vous vers le centre en pressant doucement pour sentir le soutien. Si vous pratiquez en position du lotus, du demi-lotus ou simplement jambes croisées, laissez le poids se répartir naturellement. Le rôle du zafu est de surélever légèrement le bassin pour que la colonne se redresse sans effort.

Je dis souvent : tout commence par un tissu. Et un silence. Après l’installation, respirez quelques fois, laissez le corps s’ajuster. Un bon point de repère : les genoux doivent toucher le sol ou être plus bas que les hanches, sans douleur. Si vos genoux restent hauts et que vous sentez une tension au bas du dos, ajoutez une petite hauteur sous le sac (un coussin supplémentaire ou une couverture pliée) pour basculer légèrement le bassin vers l’avant. Ce micro-ajustement favorise l’alignement naturel.

Une autre astuce simple : vérifiez l’équilibre avant de fermer les yeux. Si vous basculez vers l’avant, remontez un peu sur le zafu ; si vous rencontrez une tension dans le bas du dos, glissez un peu vers l’avant du coussin. L’objectif n’est pas la rigidité mais une stabilité douce. Dans mes ateliers, j’ai vu des pratiquants gagner en confort en modifiant de quelques centimètres leur point d’appui.

Pensez au silence du geste. Quand je couds, chaque point est une intention. De même, chaque petit réajustement est une intention pour votre pratique. Prenez votre temps pour vous asseoir : ce moment d’installation est déjà une part de zazen.

Les clés d’une posture stable : alignement du corps et du souffle

J’insiste : la posture ne doit pas être une posture de performance mais une posture d’écoute. L’alignement se construit en trois points principaux : le bassin, la colonne et la tête. Placez le bassin légèrement basculé vers l’avant — imaginez que la base de votre colonne veut s’ouvrir — ça permet à la colonne de se redresser naturellement. Le zafu aide en soutenant les ischions et en maintenant une légère inclinaison.

Dessinez la colonne comme une ligne verticale, douce et sans raideur. Laissez les épaules lourdes et relâchées, la poitrine ouverte mais sans cambrure exagérée. La tête repose comme un fruit posé sur la tige : ni trop projetée en avant, ni trop renversée en arrière. L’oreille doit se situer au-dessus de l’épaule. Ces repères simples servent à maintenir un alignement respectueux et durable.

Pour la stabilité, je conseille d’observer la relation entre les genoux et la base d’appui. Plus vos genoux touchent ou s’approchent du sol, plus la base est large et stable. Si ça n’est pas possible confortablement, augmentez la hauteur du zafu. Un zafu de 18 à 22 cm est souvent adapté, mais tout dépend de votre anatomie : la clé est d’atteindre une base stable sans forcer.

La respiration accompagne et régule la posture. Une respiration naturelle, ni contrainte ni superficielle, indique souvent une bonne position. Si vous sentez la respiration bloquée, réajustez le bassin ou relâchez les épaules. Des études en méditation montrent que la qualité de la respiration impacte directement la capacité à maintenir l’attention ; un corps mal aligné impose des tensions qui perturbent le souffle.

Je fais toujours remarquer lors des sessions : la posture est un équilibre entre fermeté et douceur. Trop de fermeté mène à la crispation, trop de douceur au relâchement complet. Trouver ce juste milieu, avec l’aide du zafu, voilà le travail.

Micro-ajustements et respiration : comment rester présent sans bouger

Je me souviens d’un pratiquant qui, après 30 minutes, se plaint d’un engourdissement. Je lui ai demandé : « Qu’est-ce qui a changé depuis la première minute ? » Il n’en savait rien. La pratique de zazen demande des micro-ajustements réguliers pour préserver la circulation et l’attention. Le zafu est un partenaire : il offre soutien et feedback sous vos ischions.

Les premiers signes à surveiller sont la douleur, l’engourdissement et la respiration modifiée. À la première douleur persistante (pas le simple inconfort d’un étirement), modifiez la position des jambes, le placement du bassin ou ajoutez une petite couverture sous les genoux. Pour l’engourdissement, bougez légèrement les orteils, pliez un genou puis revenez. Ces gestes brefs permettent à la pratique de durer sans sacrifier la posture.

La respiration reste le fil. Je recommande de porter l’attention sur le souffle avant d’observer le corps. Une respiration longue et régulière stabilise le mental et réduit le besoin de grands ajustements. Si la respiration devient courte ou saccadée, ça indique généralement une tension physique ; cherchez la détente dans la cage thoracique et le bas-ventre.

Pratiquer en sessions courtes et régulières aide aussi. Beaucoup de pratiquants débutants s’imposent des sessions longues et souffrent. Mieux vaut quinze minutes de zazen bien assis et présent que quarante-cinq minutes d’agitation. La régularité et l’écoute du corps compensent la durée.

Adoptez une attitude de curiosité plutôt que de jugement. Quand je couds et que le fil accroche, je ne m’énerve pas ; je cherche l’origine. De même, quand votre corps signale un inconfort, soyez curieux : est-ce une zone tendue, une mauvaise répartition du poids, un besoin de réchauffer? Ces questions vous ramènent à la pratique.

Adapter votre zafu : hauteur, garnissage et matériaux

À l’atelier, on me demande souvent : « Quelle hauteur de zafu choisir ? » La réponse commence par une observation : chaque corps est unique. J’ai fabriqué des zafus pour des pratiquants très grands, des personnes âgées, des enseignants. Ce qui fonctionne, c’est un zafu qui respecte votre anatomie et votre manière de vous asseoir.

La hauteur idéale dépend surtout de l’ouverture de vos hanches et de la flexibilité de vos genoux. Une hauteur entre 16 et 22 cm convient à la plupart des personnes assises en posture simple ou demi-lotus. Pour un plein lotus, une hauteur plus basse peut être nécessaire pour éviter une pression excessive sur les genoux. Si vos hanches sont raides, préférez un zafu plus haut ou complétez avec un petit banc de méditation.

Le garnissage change la sensation. Les billes de kapok offrent un soutien ferme et durable, tandis que la sarrasin permet un léger modelage et une bonne ventilation. J’utilise des matériaux naturels autant que possible : toile de coton dense, rembourrage végétal. Le choix influence la transmission tactile du sol, la stabilité et l’isolation thermique.

Le tissu extérieur doit être solide et respirant. Une toile épaisse protège le garnissage et permet de s’asseoir sans glisser. Pour l’entretien, une housse amovible facilite le lavage et prolonge la vie du zafu. Dans mon atelier, je conseille de choisir un zafu facile à réparer : des coutures accessibles et des pièces remplaçables évitent de jeter un objet qui a vécu.

Considérez l’usage : si vous enseignez ou vous déplacez souvent, optez pour un zafu léger et résistant. Pour la pratique à la maison, privilégiez le confort et l’esthétique qui vous invitent à revenir. Le zafu devient alors un compagnon de pratique, un objet chargé d’usage et de silence.

Entretien, durabilité et relation au zafu

Je ne vends pas des zafus. Je les fabrique pour ceux qui veulent s’asseoir avec justesse. Pour que votre zafu vous accompagne longtemps, donnez-lui une attention régulière. Aérez-le, secouez-le pour redistribuer le rembourrage, et vérifiez les coutures. Un zafu bien entretenu conserve sa forme et continue d’offrir un soutien fiable.

Un petit rituel prolonge la durée de vie : avant chaque session, inspectez rapidement la surface, évitez d’y poser les chaussures et gardez-le à l’abri de l’humidité. Si le garnissage s’affaisse, rajoutez un peu de matière plutôt que de forcer sur une position inconfortable. Réparer une couture ou remplacer une housse est souvent plus simple et plus durable que de racheter un zafu.

La relation que vous tissez avec votre zafu compte aussi. Dans l’atelier, j’ai vu des pratiquants nommer leur coussin et l’associer à des moments de pratique. Ce lien n’est pas une superstition : il transforme un objet utilitaire en support de présence. Traiter votre zafu avec soin, c’est aussi cultiver votre propre discipline.

Assis sur un zafu bien choisi et bien installé, la posture devient un pont entre le corps et l’esprit. Je vous invite à expérimenter, ajuster et revenir souvent au geste d’installation. Je n’ai pas de vérité magique, seulement des mains et des années de pratique. Asseyez-vous avec patience, écoutez votre corps, et laissez la simplicité du coussin vous ramener au silence.


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